Timbres d'Algérie

Sigli, Carbone, Habibas, Srigina, Rosa, Rashgoun...A-t-on remarqué que ces caps, iles et ilots qui, telles des perles modestes, parsèment nos 1622 km de cotes, ont presque tous un patronyme aux consonances hispaniques ?
Est-ce à dire que l’histoire a omis de rapporter que les premiers hommes à nous avoir rendu visite par la mer furent les Phéniciens, plus exactement au XIIe siècle avant notre ère ? Que l’Odyssée d’Homère a, pour les amours d’Ulysse et de Nausicaa, choisi la grotte de Calypso, celle là même que nos ancêtres andalous situent sur les iles de Béni-Ouchène, à proximité de notre littoral et à quelques miles des cotes marocaines et espagnoles ? Que l’exploit du Pount ou le naufrage – au large du vieux port de Dellys- du Frandelle, bateau anglais de marchandises, furent dérisoires ? Qu’Elissa, la reine en fuite sur son bateau, était insignifiante ? Que l’époque héroïque du Pennon du port d’Alger et des intrépides corsaires de la Régence ne fut qu’une vague légende engloutie par le flot tumultueux des siècles ? Que non !
Les phares d’Algérie, a-t-on dit, ont une mémoire. Méticuleuse et parcimonieuse comme une fourmi. Comme cette signature sur le livre d’or du phare de Ténès, construit en 1861sur le cap le plus avancé d’Algérie : Vissariounovitch Djougachvili, autrement dit Staline. C’était le 5 aout 1951. Œuvre de plaisantin ou escapade d’un homme d’Etat pourtant réputé allergique aux voyages à l’extérieur de l’ex URSS ? L’avenir nous en dira peut-être davantage et, pourquoi pas, plus tôt que nous le pourrions espérer.
Toujours est-il qu’une année après Staline, ce fut au tour de Vincent Auriol, alors président de la République française, de visiter le même phare. Sur le registre : « Dès mon retour en France, je poserai le projet de la modernisation du phare de Ténès, à savoir un ascenseur et l’électricité ». En fait, ce phare n’a jamais été modernisé, ni même rénové. Ce qui est sûr, c’est que son électrification n’a été réalisée qu’en 1965, bien après l’indépendance de L’Algérie. Quant à l’ascenseur, il est demeuré, à ce jour, un voeu pieux pour une tour dont la hauteur avoisine les 100 mètres. Autre lieu, autre pan de mémoire : le phare d’El-Kala.
phare2 A l’entrée de la vieille poudrière, sur la presqu’ile parallèle au rivage, deux canons du XIXe siècle jonchent le sol comme un tas de brocante... Ils témoignent pourtant qu’El-Kala n’est pas une ville au passé tranquille. Du cap Rosa au cap Roux, l’ile maudite, le ravin au trésor, le bastion de la vieille calle, le moulin, le chemin des crêtes... Seul, à l’extrémité de la presqu’ile, le fanal, qui sert de phare, semble s’inscrire hors du temps et des événements qui ont fait la ville. Bref, voilà une tour lumineuse qui, probablement, vit encore le souvenir enfoui des galères puniques, des galions génois, des frégates françaises, des bricks anglais...Et, bien sûr, le plus pugnace, celui des chebeks barbaresques. Quand on sait que la cote algérienne, cet immense balcon nord-africain sur la mer Méditerranée, est parsemée d’au moins une vingtaine de ces imposantes sentinelles de nuit, comment ne pas se passionner pour leurs formes multiples, leurs lignes majestueuses, leurs couleurs, et surtout pour la charge symbolique qu’ils recèlent et véhiculent depuis le siècle dernier, considéré à juste titre comme l’âge d’or des phares ?

Source : Office National du Tourisme



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